Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu !

Publié par andredubus le
Lettre au Président Charles Picqué

Monsieur le Président,

Vous n’êtes pas sans connaître de l’énorme attente des jeunes –et des moins jeunes- quant aux mesures que les autorités – quelles qu’elles soient- doivent engager pour répondre à l’urgence que constituent la combat pour la protection de la planète et de l’humanité.

La région bruxelloise, par sa typicité urbaine, génère, dans sa globalité, une très forte empreinte carbone. Celle-ci peut s’expliquer notamment par sa fonction de capitale(s) –laquelle fait converger vers Bruxelles nombre de navetteurs et fonctionnaires divers-, la densité de sa population, le caractère plutôt vieilli de son bâti, des besoins de mobilité sans cesse croissants, son développement touristique, son important - mais trop faible - taux de verdurisation de son territoire, …

La Région bruxelloise fête en ces jours la trentième année de son existence. Nous pensons que la question climatique et que les enjeux de protection de la planète et de l’humanité sont une opportunité remarquable pour la Région bruxelloise. En effet, au fil de ces 30 ans, les compétences de la Région bruxelloise ont évolué et grandi, au point que nous sommes aujourd’hui devenus totalement maîtres d’un certain nombre de décisions qui peuvent influencer directement le devenir climatique.

Certes, les mesures prises par une Région de quelque 1,2 millions d’habitants pourront peut-être paraître dérisoires au regard des politiques ou des non-politiques menées à l’échelle de continents comme l’Amérique, la Chine ou l’Inde. Il n’en est rien. Capitale du pays, capitale de l’Europe, Bruxelles peut venir un exemple au regard non seulement des deux autres Régions mais aussi de l’Europe et du monde.  Pour reprendre la légende amérindienne, puissamment relayée par Pierre Rabhi, nous avons l’opportunité d’être ce « colibri » qui apporte sa part, et peut-être un plus que sa part, dans ce combat qu’il nous faut d’urgence mener.

Au fil de ses 30 ans d’existence, la Région bruxelloise a pris de multiples ordonnances, de nombreux codes, de nombreux plans et règlements. Pour répondre aux défis précités, c’est au travers de toutes ces ordonnances, de tous ces codes, de tous ces plans et règlements que nous devons identifier les règles, articulations, articles, législations qu’il convient d’écrire, d’introduire, de modifier, de réformer au vu des objectifs climatiques nouveaux et urgents, pour apporter, de manière transversale, les réponses que notre Parlement, seul, dans les limites de ses propres compétences, est en mesure d’apporter rapidement, efficacement et intelligemment. Toutes les compétences régionales sont d’une manière ou d’une autre susceptibles d’apporter leur pierre à cet édifice commun. L’environnement, l’énergie et la mobilité, en premier lieu bien entendu ; mais cela nous semble une vision réductrice de l’apport potentiel de notre  Région. L’urbanisme, la fiscalité, l’emploi, le tourisme, la santé, … : toutes les matières gérées par la Région peuvent, de près ou de loin, nous permettre de réduire de manière plus ou moins forte l’empreinte carbone de notre Région.

A l’instar de ce qu’une équipe de chercheurs a réalisé pour rédiger une loi « Climat » au niveau fédéral, la rédaction d’une loi « Climat » régionale nous apparaît prioritaire et urgente au niveau de notre Parlement. Cette loi « Climat » régionale bruxelloise traverserait toutes les compétences, toutes les matières, tous les codes, pour permettre d’atteindre des objectifs climatiques que les locataires actuels et les locataires à venir de notre Planète nous demandent, à nous parlementaires, d’atteindre.

Pour ce faire, nous pourrions réunir une Commission spéciale de notre Parlement chargée d’identifier, avec l’aide des services et de juristes patentés, les dispositions légales bruxelloises à revoir en priorité. Nous pourrions aussi donner corps à la Commission du Suivi législatif, créée il y a plus d’un an, pour précisément assurer une meilleure coordination de notre activité législative passée et à venir.

Persuadés de ce que vous serez sensible aux demandes formulées légitimement par une frange très importante de notre population, et à cette demande-ci d’avancer au plus vite pour préparer le terrain légistique le plus rapidement possible, nous laissons à votre meilleure convenance le véhicule par lequel une Ordonnance « Climat » bruxelloise pourra de manière collective être envisagée, débattue, rédigée et enfin votée.

Et si par malheur, le temps devait venir à manquer pour adopter un texte ambitieux, vu les échéances électorales qui se rapprochent et le temps compté, le travail ainsi effectué pourra constituer une base solide et argumentée pour les négociateurs d’un prochain accord de gouvernement.

En vous remerciant pour votre diligence, je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma haute considération.

André du Bus