Intervention en séance plénière
La présente résolution a une portée symbolique. En commission des Sports, nous avons évoqué à de nombreuses reprises l’importance de l’activité physique en matière de santé publique. Voter aujourd’hui une résolution portant spécifiquement sur l’assimilation de l’activité physique régulière à un outil de santé publique représente une grande avancée. Je lisais dans le magazine «Bodytalk» de ce mois d’avril que l’Organisation nationale de lutte contre le cancer du sein, l’ASBL Pink Ribbon, a décidé de rebaptiser le mois de mai en «mois de la marche». Elle a ainsi lancé, en collaboration avec P&V Assurances, l’initiative intitulée «La marche rose» pour inciter tous les Belges à pratiquer quotidiennement 30minutes de marche durant tout le mois de mai.
L’objectif de cette action est de souligner l’importance d’un mode de vie sain, notamment dans l’optique de la prévention de maladies telles que le cancer du sein, mais aussi les maladies cardiovasculaires ou le diabète, entre autres. Au vu du succès de la «Tournée minérale», qui voit diminuer massivement la consommation d’alcool en février,ce mois de la marche, où les participants s’engagent à pratiquer 30 minutes d’exercice par jour, apparaît aussi comme un excellent incitant. Une autre initiative intéressante provient de la société australienne d’oncologie clinique. Elle a décidé de reconnaître, à travers la publication de lignes directrices officielles, l’activité physique comme un volet à part entière du traitement thérapeutique.
La promotion de l’activité physique est aujourd’hui au cœur d’une multitude de préoccupations. Ces initiatives sont étayées par de nombreuses études scientifiques qui confirment que pratiquer régulièrement un exercice d’intensité modérée a des effets bénéfiques pour les personnes souffrant de différentes pathologies.
Il y a quelques années, des travaux de l’Institut de Stockholm ont mis en avant l’importance de l’activité physique sur la régulation de l’expression des gènes, notamment dans le cadre du traitement et des phases postopératoires du cancer, du cancer du sein entre autres. Cet élément épigénétique est réellement porteur d’avenir et fait l’objet de nombreuses études.
Le texte soumis aujourd’hui au vote de notre Assemblée, qui a été adopté à l’unanimité en commission, est à notre modeste échelle l’expression de notre souci, de notre engagement collectif, d’assurer la promotion de l’activité physique régulière comme outil de prévention auprès de l’ensemble de la population. Ce souhait passe par la nécessité de rassembler, en l’occurrence ici, les différents niveaux de pouvoir et politiques concernés par le sport, par l’enseignement obligatoire, par l’enseignement supérieur, par la santé, afin d’inscrire ce concept d’activité physique adaptée comme outil de santé publique dans un cadre législatif. Ce cadre aura pour mission de régir notamment les questions du suivi, de modalités d’intervention, de financement, les questions relatives à la catégorie des intervenants susceptibles de dispenser une activité physique aux patients, dans l’objectif de reconnaître ce phénomène, de lui donner les moyens de se développer en Fédération Wallonie-Bruxelles, mais aussi au-delà puisque nous demandons que le sujet soit traité au sein de la Commission interministérielle de la santé.
En termes de santé publique, on ne peut ignorer l’évolution d’une série de pathologies telles que le diabète, les lombalgies, le burnout, les maladies chroniques, l’hypertension, la sédentarité qui sont directement liées au mode de vie caractéristique de notre société. L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont publié une série de chiffres sur la Belgique. D’après un rapport de l’OMS, seuls36%des Belges exercent une activité physique régulière. Il ressort du rapport 2017 de l’OCDE sur l’obésité que 18,6%de la population belge âgée de plus de 15 ans étaient en surcharge pondérale en 2015. Et les chiffres ne font qu’augmenter depuis lors.
Au sein du monde du travail, plusieurs études démontrent que 54,6%des employés et ouvriers belges sont en surpoids et que près d’un travailleur sur cinq, soit 18,8%, est en situation d’obésité. Ainsi, l’instauration de programmes structurés d’exercice physique joue un rôle fondamental dans la prise en charge thérapeutique des nombreuses maladies chroniques que je viens de citer. En effet, l’exercice physique complète efficacement les traitements administrés. Il est d’ailleurs intéressant de constater que plusieurs communes ont récemment lancé des projets pilotes de sport sur ordonnance pour leurs habitants et pour les personnes traitées dans des structures hospitalières ou médicales proches. Par la suite, d’autres communes ont manifesté leur souhait d’adopter un dispositif similaire.
Par ailleurs, des formations qualifiantes voient également le jour dans ce domaine; elles sont destinées aux personnes qui encadrent des ac-tivités physiques adaptées au sein de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Ainsi, si les kinésithérapeutes ont bel et bien un rôle important à jouer dans cette problématique, il est important de reconnaître que d’autresacteurs doivent également intervenir. Dans ce contexte, il devient impératif de soutenir les initiatives de plus en plus nombreuses qui visent la promotion de la santé en valorisant l’activité physique. Ce soutien passe notamment par des actions au sein des milieux scolaires et par le déploiement des programmes de formation en exercise medicineau sein des communes et des clubs sportifs.
Il convient également de mettre en avant la question de la prescription médicale d’activité physique à des fins thérapeutiques lors des commissions interministérielles de la santé publique, mais aussi de réfléchir à un système de labellisation des salles de fitness qui permettrait de distinguer celles qui bénéficient d’un personnel sportif et médical formé pour accompagner les patients atteints de maladies métaboliques. À la demande de plusieurs parlementaires, nous avons également ajouté une nouvelle proposition visant à labelliser les associations qui proposent des activités physiques adaptées à des personnes fragilisées. Ce type d’activités existe dans de nombreuses communes, dans des hôpitaux ou encore dans des maisons de repos.
Je conclurai mon intervention en adressant mes plus sincères remerciements à tous les intervenants qui œuvrent dans le monde du sport et de l’activité physique sur ordonnance.
Les attentes et les espoirs qu’ils fondent sur cette proposition de résolution sont considérables. C’est pourquoi ils espèrent tout comme moi voir les demandes aboutir le plus rapidement possible. Je remercie également le partenaire de la majorité ainsi que l’opposition d’avoir soutenu le texte. Je formule un dernier vœu qui est de voir le sujet repris dans la Déclaration de politique communautaire (DPC) de la majorité issue des élections du 26mai prochain. C’est un appel à tous ceux qui voteront le texte aujourd’hui et se retrouveront demain au sein de cette Assemblée.
Je ne peux m’empêcher de clôturer mon intervention en vous confiant que cette question était l’une de celles qui avaient motivé mon engagement politique il y a trente ans. C’est un plaisir de conclure ce mandat parlementaire en constatant que les esprits ont évolué et sont aujourd’hui davantage disposés à opter pour de nécessaires évolutions structurelles, car il s’agit bien là, vous le savez, d’un enjeu de santé publique.
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