Sous-titrage des interviews dans les programmes d’information de la RTBF

Publié par andredubus le
Question à Monsieur Jean-Claude Marcourt, vice-président du gouvernement et ministre de l’Enseignement supérieur, de l’Enseignement de promotion sociale, de la Recherche et des Médias.

M. André du Bus. – Monsieur le ministre, en 2008, le Parlement a adopté à l’unanimité, et à mon initiative, une résolution visant à généraliser le sous -titrage des interventions en néerlandais et en allemand des personnes interviewées dans les journaux télévisés ou dans les magazines d’information de la RTBF.  Depuis quelques années, je constate que cette pratique s’est progressivement ancrée dans les programmes d’information de la RTBF, même si je remarque parfois que le doublage des témoignages en néerlandais ou en allemand est encore utilisé.

Le contrat de gestion 2013-2017 prévoyait que la RTBF poursuive «sa politique de sous titrage en français des interviews réalisées en néerlandais, et si possible, dans la limite de ses moyens humains, techniques et budgétaires, en anglais et en allemand, des personnes interviewées dans les journaux télévisés, en l’étendant dès que possible aux magazines d’information, dans le respect de la résolution du Parlement de la Fédération Wallonie-Bru xelles du 17 juin 2008».  Je constate néanmoins qu’à la lecture des avis du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) sur l’exécution par la RTBF des obligations fixées par son contrat de gestion, le collège d’autorisation et de contrôle ne se penche pas précisément sur cette obligation, mais davantage sur le volume de programmes sous -titrés dans le but de les rendre accessibles aux personnes déficientes auditives. Ce qui est tout à fait louable.

La RTBF respecte-t-elle pleinement l’obligation de sous-titrage en français des interviews réalisées en néerlandais et diffusées dans les journaux télévisés? Qu’en est-il des autres langues mentionnées dans le contrat de gestion, à savoir l’allemand et l’anglais? Au-delà des journaux télévisés, la pratique du sous -titrage des interviews en langue étrangère s’est-elle étendue aux autres programmes d’information? Que prévoit le nouveau contrat de gestion de la RTBF? Cette obligation a-t-elle été renforcée en ce qui concerne l’allemand et l’anglais, de même quant aux magazines d’information? Le CSA pourrait-il analyser plus spécifiquement le respect de cette obligation?

M. Jean-Claude Marcourt, ministre. – Je suis sensible à la question de l’accessibilité aux médias et à leurs programmes et, en particulier, à la question du sous-titrage. Le sous-titrage constitue l’une des obligations essentielles de la RTBF.  Dans ses avis sur le rapport annuel de la RTBF, le CSA n’a jamais pointé de manquement au regard de l’obligation énoncée dans le contrat de gestion.

Pour rappel, la disposition prévoit que la RTBF continue, dans un souci d’ouverture linguistique, de sous-titrer en français les interviews réalisées en néerlandais et, si pos sible, celles effectuées en anglais ou en allemand, pour autant que la séquence soit disponible une heure avant sa mise à l’antenne et sous réserve des moyens disponibles.  Cette disposition n’a pas été modifiée dans le nouveau contrat de gestion entré en vigueur récemment.

En ce qui concerne le sous -titrage des interventions en langue étrangère dans ses journaux télévisés, la RTBF estime que son rôle premier est de confirmer et certifier une information avant de l’expliquer, puis de la mettre en perspective.  Néanmoins, en pratique, le temps est, par définition, une contrainte majeure liée au format des journaux télévisés. Un délai de soixante minutes est nécessaire pour calibrer et insérer les sous titres alors que le doublage est plus rapide et peut être assuré en traduction simultanée.  Cela étant, la RTBF sous -titre systématiquement les interventions en néerlandais et en anglais dans ses journaux télévisés quand les conditions de l’antenne le permettent, c’est-à-dire pour autant que la séquence soit montée une heure avant sa diffusion. La RTBF va ainsi au-delà de l’obligation du contrat de gestion qui lui impose le sous-titrage des interviews en néerlandais, mais pas de celles en anglais. Par ailleurs, dans la mesure du possible, la RTBF sous -titre les interventions en allemand dans ses journaux télévisés, lesquelles sont relativement rares.

Concernant les magazines d’information, la RTBF sous -titre de courts extraits d’interviews en néerlandais ou en anglais, mais continue de doubler les rares longues interviews. De manière générale, la RTBF reste également attentive aux évolutions technologiques du marché en matière de traduction automatisée.  L’usage du sous-titrage se répand également via les courtes vidéos d’information visibles sur les réseaux sociaux et destinées aux consommateurs de nouvelles plateformes. La RTBF y reste attentive, conformément à l’article 32 du contrat de gestion qui précise qu’elle recourt autant que possible, compte tenu des évolutions technologiques, au sous-titrage comme principe d’écriture de séquences et de sujets d’information spécifiquement destinés aux réseaux et médias sociaux ou aux sites internet. Dans ces vidéos, visibles, entre autres, sur la page Facebook de l’émission «Vews», le sous-titrage permet de comprendre le sujet en se passant de son. Il permet aussi aux personnes qui le souhaitent de mettre le son et d’entendre la voix en langue d’origine avec des sous-titres, ce qui permet d’améliorer la connaissance de la langue.

Enfin, toujours en matière d’ouverture linguistique et d’éducation aux langues étrangères, le nouveau contrat de gestion contient de nouvelles dispositions relatives au sous -titrage des fictions.  Il est désormais prévu que la RTBF élargisse son offre de programme en diffusant, chaque fois qu’elle peut en acquérir les droits, des films, des téléfilms ou des séries en version originale sous titrée ou en version française, et qu’elle élargisse ses propositions de contenus sur sa plateforme internet Auvio en proposant tant la version française que la version originale sous-titrée du film, du téléfilm ou de la série en question et en assure la promotion adéquate.  Il résulte du rapport annuel 2017 de la RTBF que celle-ci a diffusé 125 films et 503 épisodes de séries en version multilingue, toujours dans un but d’amélioration de la connaissance des langues. Le constat global en matière de sous -titrage est donc résolument positif. Toutefois, je ne doute pas que le nouveau contrat de gestion permettra de faire encore mieux.

M. André du Bus – Je vous remercie, Monsieur le Ministre, pour cette mise au point intéressante. Je ne doute pas des améliorations en matière de sous -titrage. Les éléments que vous venez de partager permettent de l’objectiver. Mais il arrive encore de temps en temps que des reportages, qui sont sans doute réalisés en deçà des soixante minutes, soient doublés lors de leur diffusion à 13h, mais ne soient toujours pas sous-titrés lors de leur rediffusion le soir même. Je suppose que des ajustements sont encore nécessaires.  Les améliorations montrent que nous sommes sur la bonne voie, l’enjeu – fondamental – étant l’accessibilité et l’amélioration de la connaissance des langues. Toutefois, je constate que d’autres chaînes sous-titrent systématiquement et n’utilisent plus du tout le doublage! La question des 60 minutes va donc devoir être résolue un jour ou l’autre, et la technologie actuelle le permet.